Kampot - Montagne de Bokor

Je viens de mettre un peu d'ordre dans cette page que j'avais abandonnée en cours, la connexion internet était très inégale au Peper GH !
Pas de vélo, aujourd'hui : c'est journée de visite, je me suis inscrite à un "tour" pour aller sur la montagne du Bokor, une station d'altitude créée sous le protectorat français, et abandonnée par la suite. Sous prétexte de sécurité (bêtes sauvages ou route accidentée ?) et de "protection de l'environnement" (je mets des guillemets, car après coup, ça parait si décalé), l'accès à cette montagne n'est autorisé qu'aux groupes accompagnés de « Rangers » armés, et apparemment en nombre très limité : visiblement, il n'y avait que notre groupe (environ 25 personnes) sur le site.

Le tour comprend une partie « trek » dans la jungle, car la route pour y monter n'est pas finie.

la montagne vue depuis le QG des Rangers

On nous réunit solennellement au QG des Rangers, au pied de la montagne et là, le guide insiste de manière assez appuyée sur les difficultés de ce trek, le décrivant comme un stage commando, et finit par ajouter que ceux qui ne se sentent pas capables, vaut mieux qu'ils restent en bas, c'est pas pour les demoiselles ! Je commence à me demander comment j'ai pu m'inscrire à ce truc, tout ça pour voir des ruines !

D'ailleurs, on commence à s'installer dans 2 bétaillères très rudimentaires _ça commence bien  : déjà faut arriver à se hisser là-haut, en escaladant les pneus !
Pendant la montée (un peu douloureuse pour le dos), je détaille mes voisins, ce qui contribue à m'inquiéter davantage pour la suite : il y a un jeune qui a noué un foulard autour de son crâne à la Rambo, un autre petit nerveux chauve plus âgé, style ancien militaire (voire mercenaire), à qui on ne la fait pas. Celui-là est incroyable : c'est lui qui part le premier,loin devant et il fera toute la sortie pieds nus (DANS LA JUNGLE !).

Une fois débarqués, le cinéma continue : on est encadrés de 2 Rangers armés, qui veillent à ce que la file reste compacte.

Mon ami George a reconnu sur cette photo l'AK47 (Automat Khalaschnikov) qu'il a porté 2 ans sur l'épaule dans sa jeunesse.

Personne ne comprend très bien ces dispositions sécuritaires excessives : s'il y a eu des bêtes sauvages (le lonely parle de léopard, d'éléphant, d'ours …), avec les explosions à la dynamite qu'on a entendues l'après midi, il y a peu de chance qu'elles soient restées dans le secteur !

  En réalité, il s'agit d'une marche sportive en forêt, d'une heure et demie ne présentant pas de passages si difficiles (rien à voir avec la remontée de rivière en Thaïlande !). 

 

c'est la seule bestiole que j'ai vue de la journée

 La vraie difficulté, c'est de supporter cette chaleur moite ! J'en profite pour faire connaissance avec les quelques francophones du groupe. En fait, le petit chauve est de Bellegarde (ain), et il est plutôt marrant, il dit qu'il est pieds nus toute l'année, sauf dans la neige ! !

On reprend de nouveau les véhicules pour arriver au sommet. Là haut, il fait bon et frais (c'était au départ une station climatique) et c'est particulièrement émouvant : les bâtiments sont presqu'entiers, et bien que recouverts de lichen, on n'a pas trop de mal à les imaginer à l'époque !

Le bâtiment le plus impressionnant, car bien préservé et situé au sommet est l'hôtel palace Bokor, ouvert en 1925 :

situé juste au-dessus de la falaise, avec une vue superbe sur le Golfe de Thaïlande,

à l'intérieur : des escaliers, de grandes salles, balcons

... au sous sol, il y a encore les carrelages des cuisines.
Cet hôtel avait été transformé en casino dans les années 60, puis a été occupé pendant la guerre par les Vietnamiens, qui canardaient (et vice versa) les khmers Rouges installés 500m plus loin dans l'église. Il paraît que les hostilités sur la montagne ont duré 5 mois !

L'église vue depuis l'hôtel, et la nouvelle route en construction

 il reste encore l'autel

A l'époque, c'était un vrai village, avec aussi une Poste, une école, la demeure princière.... Et on y montait à dos d'éléphant !

L'hôtel a été abandonné de longues années, mais pas définitivement : de grands projets de réaménagement complet du site sont très avancés. Déjà, la route est en cours, (ce sont les Chinois qui la construisent), il y aura un complexe immense et touristique sur 14 000 hectares : hôtel de 600 chambres, galeries marchandes, jardin botanique, zone résidentielle. Le porteur de ce projet est l'actuel propriétaire du site d'Angkor (j'arrive pas à imaginer qu'un pays puisse confier son patrimoine à un investisseur privé !) Sok Kong, également patron du réseau des stations d'essence Sokimex !

Alors, faut se dépêcher d'y aller, ça va être bientôt Las Vegas!

Le retour inclut également le même trek qu'à l'aller, avec une descente supplémentaire plutôt raide.

Ca nous a calmés, sur le chemin du retour, plus personne ne parlait, on comparait juste nos mollets écorchés! Puis la sortie se termine à Kampot par une mini croisière sur la rivière au coucher du soleil, avec une tit' bière bien méritée, et en bonne compagnie.

avec delphine la cycliste, une vraie, qui va rentrer en France EN VELO !

 

Avec 3 autres participants, on se propose de dîner ensemble le soir : Delphine la cycliste en voyage pour 18 mois (de plus en plus fort, elle va devenir mon héroïne !), Johanne la québecoise (en année sabbatique), et Pascal, prof à Tahiti (plus modestement en vacances !).