Phung Hiep-Vinh Long (ile d'An Binh) 60 km ?

Et voilà, c'est la nouvelle année, et c'est aussi le jour de ma 1ère crevaison ! Et pour être complète, j'anticipe la suite de la journée : mes deux premières crevaisons !
 C'est pas très bon signe, ça, au Vietnam, de démarrer l'année avec la poisse !
Parce que semble-t-il, le premier jour influence tout le reste de l'année, je lis : "la 1ère personne qui franchit le seuil de la maison ne doit pas être n'importe qui, mais une personne vertueuse et fortunée pour apporter prospérité et bonheur sur la famille !"
Pauvre proprio de ma GH, c'est à lui que je m'adresse ce matin, après avoir découvert mon infortune : le pneu avant complètement à plat ! Sa femme le réveille, et donc, j'en conclus que pour cette année, c'est cuit pour lui aussi : la 1ère personne qui entre chez lui, c'est cette étrangère en difficulté ! Car j'ai besoin d'assistance : j'ai bien une chambre à air de rechange, mais rien pour la gonfler.
Il râle pour la forme, en disant qu'on est "on holidays", mais heureusement, il est de bonne composition : il embarque la roue sur sa moto, revient moins de 10 mn après, et refuse tout dédommagement. Je me dis alors que faire une BA le 1er jour de l'année, ça doit porter chance aussi !
Et puis, on commence à discuter : mon âge, la composition de ma famille : les voilà rassurés, je ne suis pas si poisseuse que ça ! Dès lors, tout le monde est très amical, le petit voisin d'hier arrive à son tour, on échange nos coordonnées, je suis welcome ici quand je reviendrais au Vietnam.

les proprios, et derrière eux, le corridor sur lequel donnent les chambres

au centre, le jeune si serviable, et les enfants des voisins

et une autre encore avant de repartir

J'ai quand même du bol que ce soit la roue avant, j'ai pas eu de mal à la remettre en place. Mais ça m'a un peu cassé l'envie de retourner sur mes pas voir le marché flottant, d'autant plus qu'on vient de me dire qu'il est assez réduit au moment du Tet.
Alors je continue ma route pour Can Tho, qui est à une trentaine de km. Là, j'ai vraiment l'impression de ne pas avancer, et c'est pas à cause du vent : et pour cause, le pneu est de nouveau dégonflé. Je me maudis de ne pas avoir vérifié la jante et le pneu avant de les confier au proprio. Mais encore un coup de bol, je marche à peine 20 mètres avant de trouver un professionnel qui oeuvre sur le trottoir.

 

Je n'en reviens pas : c'est pas en France qu'on pourrait se faire dépanner un  jour férié ! Il me fait asseoir, pose une rustine et pendant que la colle prend (sous une presse), il vérifie le pneu, et remonte le tout, gonfle, et je vais dire le prix que ça m'a coûté : 6000 dongs, c'est à dire moins de 25 cts d'euro !
Sur le trottoir d'en face, la pagode attire beaucoup de monde ce matin :

A partir de maintenant, je m'attends à la 3ème crevaison et je n'arrête pas de surveiller cette roue !
Un gigantesque pont, genre viaduc de Millau, récemment terminé (avant, je pense qu'on prenait un bac) juste après Can Tho, sur la route de Vinh Long :

 Ce pont doit être très populaire, car au point le plus haut, beaucoup s'arrêtent pour admirer la vue et s'y faire photographier (plusieurs photographes sont là et à moi aussi on me propose la photo!)

un cimetière de combattants

A Vinh Long également, des jeunes en jaune et rouge animent le quartier en musique, installent un mât, l'un d'eux monte au sommet et y fait des figures acrobatiques

Je me dirige vers la rivière, un peu au hasard, quand une dame me conseille de prendre le ferry qui va partir : sans avoir réfléchi, je me retrouve en 10 mn sur l'île de An Binh, juste en face, avec une armée de motos :

Une pagode tout près, où je pense me poser et réfléchir à ce que je vais faire maintenant !
Mais justement arrive un autre groupe de jeunes qui mettent une super ambiance :

Pendant ce temps, j'ai repéré un panneau indiquant un "homestay" (chambre d'hôtes) pas loin. Je suis accueillie par le gendre du proprio, qui parle parfaitement anglais. L'endroit est superbe, comme toute l'île d'ailleurs, avec plein d'arbres, une grande maison avec des chambres/dortoirs isolées de rideaux, mais je suis la seule occupante aujourd'hui !
A peine installée, je repars explorer l'île avant la nuit. An Binh et les iles voisines, reliées entre elles par des ponts ou des petits bacs, sont plantées d'arbres fruitiers et sillonnées de petits cours d'eau, de chemins de terre ou parfois asphaltés, mais étroits (les croisements avec les motos, qui m'ignorent parfaitement, sont délicats) :

 Pas de voitures ici, et l'ensemble dégage paix et sérénité, malgré l'agitation exceptionnelle de ces journées de fête.
Le soir, au homestay, la grande famille du proprio est au complet, les femmes ont fait beaucoup de cuisine, et j'ai la chance d'avoir un repas de fête moi aussi :

mes 1ers nems : admirez la déco !

avec une "333 export"!
Et je goûte pour la 1ère fois aux "fruits du jacquier", excellents !